Debout sur le vent #31 – abcedaire

iac - 22 décembre 2025

Pour cette fin d’année, Bernard Garaut nous fait cadeau d’un joli « lipogramme alphabétique » – mais qu’est-ce que c’est que ce truc, vous demandez-vous à juste titre, il s’agit d’une contrainte qui consiste à structurer un texte de manière à ce que chaque paragraphe (ou parfois chaque phrase) commence par une lettre différente de l’alphabet, dans l’ordre, de A à Z. Une forme de contrainte formelle très utilisée par les membres de l’Oulipo pour stimuler la créativité. Merci pour cette poésie pleine de désir et de plaisirs de vivre.

ABCEDAIRE

Avec un

appel en guise d’

approche,

advenir

 

Bien / sûrement /

bouche

béante en forme de

baiser…

 

Couloir de mots dans

ce

creuset au

contour

coloré de l’alchimie

 

Dériver jusqu’à se

déprendre se

délier accepter de se

désaltérer…

déjà!

 

Evidente   comme un

émerveillement

émue           tel un

éclat d’envie

extrême     de vie

 

Fragile           le

frôlement      de l’un

féconde         l’approche.

fragment de l’autre

 

Garde feu

garde corps

garde cote       vigilante     la

grâce comme   compagne

 

Haletante        de silence

habillée d’aérien

 

Incontournable      refusant l’

injonction              ré-affirmant l

idée neuve            douce

insistance…

 

Jouisseuse  dans le nous,

je…là

jetuilnousvousils

 

Kabbaliste en âme

kangi en son,  elle

kaleidoscopait toute pensée

kafkaïenne…

 

Là.      assurément

là!       on peut dire quelle se pose un peu

là!..

 

Mais :

martialement

martienne…

magique       un

maelström… pas un

mirage

 

Nautonière de rêve     sa

navigation                  rapprochait le

jaillissement

de

nouvelles   rives

 

 

Oser.

offerte

ouverte    elle

orchestrait   l’ombrage

ordonnait     l’arrimage et

le lest

oeuvrait       le lien

 

Patiente   le

passage   se fera    libérant la

peur        dans la lenteur de ses

pas

 

Quémander  n’est pas son art

quérir          sa merveille     ses

questions     des pâtes de fruits

 

Regards…    s’en émouvoir comme d’un

raisiné,         s’en abreuver comme d’un

ratafia            s’y perdre comme en des

rosacées

 

Sûrement qu’elle

sait!…

sûrement qu’elle ne

sait pas qu’elle

sait!…

 

sublime…

 

Toute traversée

troublait  / bien plus que son regard :  même à

tâtons                  elle

transpirait          de vérité dans

tous                    les

transports          qu’elle entreprenait

 

Utilité    tendrement redoutable     elle

usait                                               de tous les mots  /  une

manie!…                                        l’

unisson la faisait                            même cligner des yeux

 

Velouté     sa lèvre

vorace      sa bouche      elle pelle – versait avec grâce,

prête à ensemencer de

vie            tout territoire à sa disposition

 

Walkyrie !…    rêvant de

week end         en

wagon lit          s’échouant      sur la

west coast …d’aquitaine

 

Xylophoniste, viens y voir :

il est doux

d’arpèger de ses

mailloches sur

son corps en forme de

si bémol    .

 

Yiddish?                   bien sûr.

Moi?…

y faut voir!…

 

Zapper,

zapper! dis tu!

 

«z’arrive pas moi

z’ai jamais vu ça…»

 

B.G.